HORS-LES-MURS: MÉMOIRE(S) // Bibliothèque publique et universitaire, Neuchâtel, Suisse
Mémoire(s)
Bibliothèque publique et universitaire
Neuchâtel, Suisse
23.09-31.12.21
Jérémie Bennequin, Caroline Bourrit, Valérie Favre, Christian Gonzenbach, Alain Huck, Sophie Jodoin, Jean-Christophe Norman, Sandrine Pelletier, Michael Rampa, Lionel Sabatté, Maude Schneider, Emeli Theander
À l’invitation de BPUN, la Galerie C propose le travail de 12 artistes contemporain·e·s autour de la notion de mémoire. C’est sous la pluralité que nous entreprenons cette incomplète épopée.
De tout temps, la notion de mémoire a nourrit l’interrogation. Platon, Saint-Augustin, Locke, Nietszche, Proust, Freud, Bergson ou encore Ricoeur, tous tentent de modeler les mystérieuses opérations de la mémoire. Cette exposition ne tente pas d’en retracer les cheminements, mais propose des aperçues. Au féminin pluriel, selon le philosophe et historien de l’art, Georges Didi-Huberman: je dis « aperçue » quand ce qui m’apparaît laisse, avant de disparaître, quelque chose comme la traîne d’une question, d’une mémoire ou d’un désir (1). Du corps, de la chair, de l’écriture, de l’effacement, de la violence, de l’accomplissement de l’oeuvre d’art, de la matière. La mémoire, non pas telle une collecte de souvenir, mais en ce qu’elle se confond avec l’entièreté des êtres.
Car la mémoire, comme l’exprime si bien l’artiste, poétesse et essayiste Etel Adnan, est, de toutes les facultés humaines, celle qui se trouve le plus engagée dans la lutte contre la mort, avec laquelle, elle forme un couple inséparable. La mémoire est plus qu’une faculté de l’esprit. Elle est un « agent », un principe actif qui garde le monde (ou l’être) en son unité; elle permet au passé, au présent, au futur de faire sens, d’être possibles, car sinon nous serions dans un perpétuel présent, sans contexte, dans un monde laminé, un pur néant (2).
Cette unité de l’existence dont est garante la mémoire se révèle dans ce qui est en nous, ce qui est nous (3). Car perdre la mémoire ne se résume pas à l’oubli ponctuel mais il révèle la perte d’un rapport à soi et aux autres. La disparition d’une continuité entre son propre passé et son présent.
Concevez cette exposition comme une déambulation. Similaire à celle que vous effectuez entre les rayonnages. Le travail des artistes, à l’instar des ouvrages entreposés, comme des pistes qui peuvent surgir dès lors qu’elles sont mobilisés.
En partenariat avec le Club 44.
Pour plus d'informations: ici
1. Georges Didi-Huberman, « Aperçues, féminin pluriel » in : Aperçues, Paris : Les Éditions de Minuit, 2018, p.17.
2. Etel Adnan, Orphée face au néant, Paris. L’Échoppe, 2016, p.9.
3. Frédéric Worms, Henri Bergson. Les deux mémoires, philosophie magazine, n.89, avril 2015.