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« La solitude est synonyme d'indépendance ; je l'avais souhaitée et atteinte au bout de longues années. Elle était glaciale, oh oui, mais elle était également paisible, merveilleusement paisible et immense, comme l'espace froid et paisible dans lequel gravitent les astres. »
Hermann Hesse – Le loup des steppes
Les planchers de bois sont noueux, les salons baignés de lumière, les portes donnent l’impression qu’elles vont s’ouvrir dans un long grincement tandis que la peinture des plafonds s’écaille… ça ne fait aucun doute : nous sommes au beau milieu d’un paysage mental d’Henry Glavin. Le jeune peintre (1991, New York) nous invite à nous perdre dans les silences habités, les atmosphères chargées de ses œuvres. Dépourvues de présence humaine, ses compositions sont loin d’être désertes : des objets, tels qu’un jeu de dames, une cafetière posée dans le coin d’une table, un rideau vaguement noué en bas ou un tableau accroché au mur font, poétiquement, allusion à la psychologie des personnages que l’on imagine hors du cadre. Au-delà d’un simple jeu de perspectives, les œuvres de Between Rooms rappellent la minutie de la peinture flamande, à la fois philosophique et précise. À l’image des tableaux de Samuel van Hoogstraten où une porte entrebâillée, une bougie laissée allumée ou une paire de pantoufles oubliées sont chargées de sens, les peintures d’Henry Glavin en disent autant sur nos quotidiens suspendus que sur nos états d’âmes, nos imaginaires et nos tempêtes intérieures. Intemporelles, ses œuvres ont la temporalité pour matière première. Une temporalité faite d’étirements, de jeux de matières et de transparence. Car, outre son intérêt pour le contenu des espaces qu’il créé, Henry Glavin réfléchit à la façon dont ces derniers sont liés au paysage qui les entoure. Ici, la terre aux racines d’un arbres déraciné fait écho à la peinture bordeaux appliquée à la va-vite sur une grange aménagée. Là, on retrouve ce qui pourrait être l’intérieur de cette grange, mais c’est une toile minutieusement fixée au mur d’un salon. Plus loin, devant la grange finalement peinte en entier, l’ombre tentaculaire d’un arbre éclabousse le sol. Réalisées sur bois, les créations d’Henry Glavin communiquent les unes avec les autres, comme si l’on passait d’une pièce de maison à une autre. C’est une sorte de circuit : une armoire nous mène à une trappe qui, elle, s’ouvre sur un tableau où l’on devine un paysage familier.
Familier à l’artiste, notamment, empreint de folklore nord-américain, de ces landscapes qui appartiennent à l’imaginaire collectif des Etats-Unis et font référence à son histoire familiale. Ainsi, discrètement, l’artiste dépose son propre vécu dans ses créations, les chargeant de souvenirs et d’affects. Chez Henry Glavin, chacune des ouvertures, fenêtres ou embrasures de portes, sont des passerelles vers l’imaginaire. Silencieusement, ses peintures nous évoquent l’intime et le commun. Silencieusement, les œuvres d’Henry Glavin nous parlent.
Vernissage de l'exposition Between Rooms : Jeudi 7 octobre 2021, 17h00 - 21h00
Téléchargez le dossier de l’exposition : ici
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“Solitude is independence. It had been my wish and with the years I had attained it. It was cold. Oh, cold enough! But it was also still, wonderfully still and vast like the cold stillness of space in which the stars revolve.”
Hermann Hesse, Steppenwolf
Knotty hardwood floors are bathed in harsh light, doors give the impression of an impending creak, and the ceilings recede into a vast open space. there is no doubt: we are in the middle of a Henry Glavin painting. The young artist (Born 1991, New York) invites us to lose ourselves in the uninhabited, silent yet charged atmosphere of his interior and exterior scenes. Devoid of human figures, Glavin’s compositions are far from deserted. A backgammon board without pieces, an uprooted cherry tree, and a collection of unlucky horseshoes are a poetic allusion to the psychology of characters just out of view.
Navigating us through architectural perspectives, the works of Between Rooms recall the meticulousness of Flemish painting while offering a loose, process orientated approach to material and surface. Like Samuel van Hoogstraten's philosophically ladden paintings where an ajar door, melting candle, or a pair of forgotten slippers hint at an unfolding domestic life, Henry Glavin's paintings say as much about our suspended daily lives as they do about our moods, imaginations and inner storms. The thin washes of paint, sanded panel, and glaze-like ink transfers transform into transparent walls and severe clear skies, existing in a timeless constructed temporality. In addition to the architecture of these created spaces, Glavin constantly pulls us towards the landscape they inhabit. The roots of an uprooted tree echo the burgundy paint hastily applied to a board and batten barn. A distorted shadow in the painting of a church mimics the sprawling form of a leafless maple. An obstructed view of a beaver pond probes through the walls of a living room. Glavin’s wooden panels communicate with each other and create a circuit of windows, trompe l'oeil paintings, and trap doors that lead us through the room.
Familiar to the artist, and imbued with North American folklore, these landscapes belong to the collective imagination of the United States and reference his family history. Glavin discreetly deposits glimpses of his own experiences, imbedding the panels with memory and expression. The tension between the imagined and observed is slowly revealed with extended viewing. In Glavin’s work, every window and doorway is a gateway to the intimate and universal. Silently, the works of Henry Glavin speak to us.
Opening of the exhibition Between Rooms :Thursday, October 7, 2021, 5pm - 9pm
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