Galerie C
Neuchâtel
Paris
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Palomar 19.05-12.06.21

Nicolas Darrot

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« La beauté nouvelle sera de situation, c’est-à-dire provisoire et vécue

Guy Debord, Potlach, n°5, 20 juillet 1954, Documents relatifs à la fondation de l’IS, Paris, 1985, p.171

Qu’appréhende-t-on du réel ? Est-il possible d’épuiser son regard ? Et ce dernier, transforme-t-il ce que l’on observe ?

Tout comme le personnage d’Italo Calvino Monsieur Palomar, l’artiste Nicolas Darrot regarde ce qui l’entoure. Et dans la même démarche que le plus singulier des scrutateurs de ce monde, ses œuvres semblent pensées en trois temps : l’observation pure des choses, l’interprétation qui en découle et qui mène à une spéculation, une méditation d’ordre métaphysique. Car qu’est-ce qui relève de la réalité ? Et de l’imaginaire ? Les deux ne sont-ils pas tout autant réels ?

S’il existe évidemment des postulats scientifiques, des vérités que l’artiste n’entend pas remettre en question, il nous invite par ses œuvres à vivre et incarner le monde, notre espace, notre univers avec davantage de poésie. À nous émerveiller sans béatitude du mécanisme naturel qui permet à une libellule de voler, par exemple. Car le fonctionnement mécanique des ailes de l’insecte n’est pas réductible qu’à cet aspect. Dans Time Machine, Nicolas Darrot associe les ailes fossilisées, nervurées et transparentes d’une libellule datant du jurassique à un rotor d'hélicoptère : sans chercher à le reproduire, il lie un mouvement mécanique naturel et très ancien à un autre, contemporain et issu de l’intelligence humaine. Il créé une impulsion qui touche à ce qu’il nomme « le règne analogue » où deux inconciliables se réunissent : le vivant et la machine. Le résultat de cette alliance hybride est simple et étrange, harmonieux et bricolé. Et pourtant réalisées avec une infime minutie, les œuvres de Nicolas Darrot ont volontairement cet aspect un peu « bidouillé », comme il le dit lui-même : c’est bricolé, comme parfois dans la nature. Avec Time Machine, l’artiste nous livre une lecture non-linguistique du monde mais, à l’inverse de Monsieur Palomar qui se consacre à cette lecture, Nicolas Darrot ancre certaines de ses œuvres dans un langage spécifique.

Dans son installation Horoscope, il s’inspire du langage nautique et créé un simulacre de carte à bâtonnets utilisées par les navigateurs des Îles Marshall, dans le Pacifique. Sur ces cartes, les îles sont figurées par des coquillages et les intersections entre deux bâtonnets de bois indiquent les croisements des houles contraires.  Ici, Nicolas Darrot fait une carte mentale d’un lieu de son enfance qu’il nous présente telle une voûte où chaque étoile serait un souvenir, un repère personnel. Comme Monsieur Palomar –dont le nom fait référence à un site d’observation spatial -, notre regard face à cette carte à l’allure d’un ciel nocturne est à la fois « vigilant, disponible, délié de toute certitude ».

Loin des télescopes, loin des microscopes, les œuvres de Nicolas Darrot sont à taille humaine, visibles à l’œil nu. Elles sont simples, parfois bizarres, d’une beauté situationnelle, et leur poésie existe car elle est vue et vécue.

Vernissage de l'exposition "Palomar" : Mercredi 19 mai 2021, 11h00 - 19h00

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« The new beauty will be of situation, that is to say provisional and lived.»

Guy Debord, Potlach, n°5, 20 juillet 1954, Documents relatifs à la fondation de l’IS, Paris, 1985, p.171

What do we apprehend of the real? Is it possible to exhaust its glance? And this last, does it transform what one observes?

Just like Italo Calvino's character Mr. Palomar, the artist Nicolas Darrot looks at what surrounds him. And in the same approach as the most singular of the world's scrutinizers, his works seem to be thought out in three stages: the pure observation of things, the interpretation that follows and that leads to a speculation, a meditation of a metaphysical nature. For what is considered reality? And of the imaginary? Are not both equally real?

If there are evidently scientific postulates, truths that the artist does not intend to question, he invites us by his works to live and embody the world, our space, our universe with more poetry. To marvel at the natural mechanism that allows a dragonfly to fly, for example. Because the mechanical functioning of the wings of the insect is not reducible only to this aspect. In Time Machine, Nicolas Darrot associates the fossilized, ribbed and transparent wings of a dragonfly dating from the Jurassic period with a helicopter rotor: without trying to reproduce it, he links a natural and very ancient mechanical movement to another, contemporary one, resulting from human intelligence. He creates an impulse that affects what he calls "the analogue kingdom" where two irreconcilable things come together: the living and the machine. The result of this hybrid alliance is simple and strange, harmonious and cobbled together. And yet realized with a minute meticulousness, the works of Nicolas Darrot have voluntarily this aspect a little "tinkered", as he says it himself: it is tinkered, as sometimes in nature. With Time Machine, the artist gives us a non-linguistic interpretation of the world, but unlike Monsieur Palomar, who devotes himself to this interpretation, Nicolas Darrot anchors some of his works in a specific language.

In his installation Horoscope, he is inspired by nautical language and creates a simulacrum of stick charts used by navigators in the Marshall Islands in the Pacific. On these maps, the islands are represented by shells and the intersections between two wooden sticks indicate the crossing of opposing swells.  Here, Nicolas Darrot makes a mental map of a place from his childhood that he presents to us like a vault where each star is a memory, a personal landmark. Like Mr. Palomar - whose name refers to a space observation site - our gaze, faced with this map that looks like a night sky, is at once "vigilant, available, unbound by any certainty".

Far from telescopes, far from microscopes, the works of Nicolas Darrot are human-sized, visible to the naked eye. They are simple, sometimes bizarre, of a situational beauty, and their poetry exists because it is seen and experienced.

Opening of the exhibition "Palomar": Wednesday May 19th 2021, 11am - 7pm

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