“Sabine Hertig”
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« Il y a comme ça des périodes où les plaques tectoniques de nos vies se mettent en mouvement, où les coutures des jours craquent, où l’ordinaire sort de ses gonds ; ensuite le décor se recompose et on continue »
Marie-Hélène Lafon, Nos vies, 2017.
C’est grâce à des images d’archives ou à des photographies arrachées à des livres et magazines de seconde main, que Sabine Hertig crée ses collages picturaux. À la manière d’une peintre, elle construit par des jeux d’ombres et de lumières, un espace, un paysage unifié. Mais alors qu’on se rapproche de l’œuvre, le détail prend le relais narratif et les photographies collées nous embarquent dans une multitude d’histoires, d’associations, de références et de souvenirs. Dans le champ de vision du regardeur apparaissent, dès lors, une foule d’images comme autant de réminiscences appartenant à nos histoires personnelles et aux grands récits collectifs. Les collages de Sabine Hertig sont, ainsi, des environnements qui répondent à leurs propres règles : ils semblent autonomes et, à bien des égards, se rapprochent de l’esprit des œuvres surréalistes. La juxtaposition d’images, sans rapport initial les unes avec les autres, n’est pas sans rappeler l’esthétique d’un Lautréamont tandis que les compositions de la plasticienne, faite de mondes sombres, évoquent quelques chants de Maldoror. Pourtant, Sabine Hertig ne cherche pas particulièrement à s’inscrire dans la continuité du surréalisme tant sa démarche est une exploration personnelle.
Pour sa deuxième exposition à la Galerie C – Paris, Space Tectonic, elle sonde les glissements tectoniques de l’espace. En superposant les couches, les fragments et les structures, elle créée des aires picturales où le spectateur est invité à déceler les histoires et les liens cachés au sein des différentes couches. Elle étudie les déformations de l’écorce des images : elles sont créées par des forces internes à celles-ci et leur structure finale résulte de ces dynamiques. Ainsi, l’image, composée de plusieurs strates du réel, aurait pour équivalent géologique la tectonite : dans le Dictionnaire de Géologie, Alain Foucault et Jean-François Raoult expliquent que ces roches métamorphiques ont acquis « une structure particulière, nettement distincte de la structure originelle, sous l’effet de contraintes tectoniques ». Chez Sabine Hertig, une image est une superposition de couches et comprend plusieurs strates qui lui donnent des possibilités créatives illimitées. Les questions de l'espace et du fragment dans l'œuvre artistique se posent particulièrement dans la série Possibilities (2022) : elle créé 12 images différentes à partir d’une photographie de l’atelier d’Alberto Giacometti prise par Brassaï en 1932. Dans cette série, l’étude de la femme égorgée ainsi que des sculptures surréalistes prennent des positions sans cesses renouvelées, évoluent dans un contexte qui se meut. Pour cette nouvelle exposition à la Galerie C, Sabine Hertig présente d’ailleurs une série d’œuvres dans laquelle elle combine collage et dessin, et leur associe aussi des morceaux de papier marbré. Ces marbrures sont des morceaux d’images fluides, nées du hasard. Elles se dissolvent, se fondent dans l’unité des compositions imaginées par Sabine Hertig pour former un tout homogène.
Ainsi, Sabine Hertig navigue entre les âges et sa technique de collage analogique est essentielle dans sa démarche. Elle pose la question de la place du fragment au sein du processus artistique : penser le collage c’est, pour elle, mettre en relations les parties et le tout. C’est réfléchir à un ensemble en partant d’un fragment. Elle refuse le biais esthétique et graphique que pourrait apporter le numérique et parle de notre monde avec des outils qui ne sont pas issus de la technologie : qu’est-ce qu’un fragment d’image dans notre environnement hautement numérisé ? Et comment il se rapporte à notre espace tridimensionnel ? Réflexion mobile et constante, le travail de Sabine Hertig parle du passé, du présent, du futur. Il nous fait naviguer dans les âges et dans les techniques, interroge notre rapport au monde et aux images qui nous abreuvent continuellement. Tectonique des plaques photographiques et roches changeantes, les collages de Sabine Hertig déplacent notre regard vers une nouvelle dérive de continents artistiques.
Vernissage : jeudi 5 septembre 2024, à partir de 17h
Télécharger le dossier d’exposition : ici
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‘There are periods like this when the tectonic plates of our lives start to move, when the seams of our days crack, when the ordinary goes out of kilter; then the scenery recomposes itself and we carry on’
Marie-Hélène Lafon, Nos vies, 2017.
Sabine Hertig creates her pictorial collages using archive images or photographs taken from second-hand books and magazines. Like a painter, she uses light and shadow to construct a space, a unified landscape. But as we approach the work, the detail takes over the narrative, and the collaged photographs take us on a journey through a multitude of stories, associations, references and memories. In the viewer's field of vision, a host of images appear, reminiscent of our personal histories and the great collective narratives. Sabine Hertig's collages are, in this way, environments that respond to their own rules: they seem autonomous and, in many ways, resemble the spirit of Surrealist works. The juxtaposition of images, with no initial relationship to each other, is reminiscent of the aesthetics of a Lautréamont, while the artist's compositions, made up of dark atmospheres, evoke some of Maldoror's songs. However, Sabine Hertig is not particularly interested in following in the footsteps of surrealism, as her approach is one of personal exploration.
For her second exhibition at Galerie C - Paris, Space Tectonic, she explores the tectonic shifts in space. By superimposing layers, fragments and structures, she creates pictorial areas where the viewer is invited to detect the stories and links hidden within the different layers.She studies the deformations in the crust of images: they are created by forces internal to them, and their final structure is the result of these dynamics.In the Dictionnaire de Géologie, Alain Foucault and Jean-François Raoult explain that these metamorphic rocks have acquired ‘a particular structure, clearly distinct from the original structure, under the effect of tectonic stresses’.For Sabine Hertig, an image is a superimposition of layers, comprising several strata that give her unlimited creative possibilities.The questions of space and fragment in the artistic work are particularly relevant in the series Possibilities (2022), in which she creates 12 different images based on a photograph of Alberto Giacometti's studio taken by Brassaï in 1932.In this series, the study of a woman with her throat slit and surrealist sculptures take on new positions, evolving in a changing context.For this new exhibition at Galerie C, Sabine Hertig is presenting a series of works in which she combines collage and drawing, and also combines them with pieces of marbled paper. These marbles are pieces of fluid images, born of chance. They dissolve and melt into the unity of Sabine Hertig's compositions, forming a homogeneous whole.
In this way, Sabine Hertig navigates between the ages, and her analogue collage technique is essential to her approach. She raises the question of the place of the fragment within the artistic process: for her, thinking about collage means relating the parts to the whole. It's about thinking about the whole from a fragment. She rejects the aesthetic and graphic bias that digital technology can bring, and talks about our world using tools that are not born of technology: what is an image fragment in our highly digitised environment? And how does it relate to our three-dimensional space? Sabine Hertig's work is a moving and constant reflection on the past, the present and the future. It takes us on a journey through time and technology, questioning our relationship to the world and to the images that continually fill our lives. Photographic plate tectonics and changing rocks, Sabine Hertig's collages shift our gaze towards a new drifting of artistic continents.
Opening : Thusday 25th of september 2024
Download the press release: : here
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