“Maxime Biou
Damien Cadio
Solène Rigou”
….
Les insomnies ont parfois du bon :
elles nous offrent au cœur de la nuit des programmes télévisuels aussi passionnants qu’inattendus.
J’appris ainsi l’existence de certaines espèces d’arbres pouvant croître ensemble sur le même sol sans toutefois, et qu’à aucun moment, leurs branches ne se touchent.
Élégante nature et si respectueuse..! Par cet ingénieux stratagème, aucun ne se fait de l’ombre et ces êtres s’élèvent dans la plus parfaite harmonie, accomplissant leur destin : celui de pérenniser la vie.
On appelle cela : la Timidité des Cimes.
Au regard des artistes présentés aujourd’hui à la Galerie C de Neuchâtel, emprunter cette métaphore m’apparut idéale pour illustrer à la perfection la réunion de ces créateurs que sont Damien Cadio et Maxime Biou.
Deux espèces de peintres qui respirent bon « l’essence » dans tous les sens… du terme.
Deux générations également.
Le premier tout comme le second est diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris.
Et les deux, figurez-vous ré-enchantent notre monde avec une poésie teintée parfois d’un brin de mélancolie.
A travers leurs toutes dernières œuvres, dans lesquelles la nature -parfois humaine- est à l’honneur, je vous invite à musarder entre ces toiles comme on marche dans une forêt d’intelligence. Les sujets qui la peuplent nous offrent un salutaire gymkhana propice à stimuler notre curiosité, cette source inépuisable de découvertes plaisantes en devenir.
Mais détrompez-vous, derrière ces œuvres délicates et impassibles se cache plus d’un mystère; se pose plus d’une question.
Que faisons nous de toutes ces bontés ? Que vont-elles devenir ? Y aura-t- t il encore de l’eau dans nos rivières, celles que l’on regarde passer sous nos yeux et qui emplissent nos vases qui, ô paradoxe maintiennent en vie pour quelques jours seulement les fleurs coupées à blanc.
Chez Damien Cadio, le monde réel passe par le prisme des sentiments qui eux mêmes s’expriment par la couleur. Il y a du trouble dans tout cela. Un parfum subtil de souffre que couvre l’image révélée. Il y a aussi de la magie qui éclate en pépite, et palpite d’or au travers des branches de ces arbres référents.
Chez Maxime Biou, tout est simple et nature… le temps semble suspendu. La matière se met au service d’une histoire du quotidien. Ou le rien est un tout et ce tout nous fait un bien fou. Ces fenêtres ouvertes sur nous-même, ces figures féminines et contemplatives, autant de sujets invitant au calme et à la méditation.
La Timidité des Cimes, c’est aussi l’histoire de ce « triptyque sensible » que nous propose Solène Rigou. Trois œuvres modestes par leur taille mais si puissantes par leurs attraits picturaux et esthétiques qu’elles ne peuvent nous laisser indifférents. Comment en serait-il autrement devant ces mains aussi fraternelles que généreuses ? L’artiste, telle une plante saxicole, se fait naturellement une place entre Damien Cadio et Maxime Biou.
Texte d’Edwart Vignot, commissaire de l’exposition
Jeudi 16.11.2023, de 18h à 20h - Vernissage
Mercredi 20.12.2023, à 18h - Visite guidée de l’exposition en partenariat avec la Société des Amis des Arts
Téléchargez le dossier de presse : ici
..
Insomnia can sometimes be a good thing: in the dead of night, it provides us with television programmes that are as fascinating as they are unexpected.
I learned about certain species of tree that can grow together on the same soil without their branches ever touching.
Elegant, respectful nature! Thanks to this ingenious stratagem, none of them overshadows the other and these beings grow in perfect harmony, fulfilling their destiny: to perpetuate life.
We call this : La Timidité des Cimes
Given the artists on show today at Galerie C in Neuchâtel, this metaphor strikes me as the perfect way to illustrate the coming together of Damien Cadio and Maxime Biou.
Two kinds of painters who breathe 'essence' in every sense of the word.
Two generations too.
Both are graduates of the École Nationale des Beaux-Arts in Paris.
And the two of them, you might say, are re-enchanting our world with a poetry sometimes tinged with a touch of melancholy.
Through their latest works, in which nature - sometimes human - takes centre stage, I invite you to wander between these canvases as if walking through a forest of intelligence. The subjects that populate it offer us a salutary gymkhana conducive to stimulating our curiosity, that inexhaustible source of pleasant discoveries in the making.
But make no mistake, behind these delicate and impassive works lies more than one mystery; more than one question.
What do we do with all these gifts? What will become of them? Will there still be water in our rivers, the rivers that we watch pass before our eyes and fill our vases, which, paradoxically, keep the flowers that have been cut dry alive for just a few days?
For Damien Cadio, the real world is seen through the prism of feelings, which are themselves expressed through colour. There's trouble in all this. A subtle scent of sulphur that the image reveals. There is also the magic that bursts forth in nuggets, and pulses with gold through the branches of these referent trees.
With Maxime Biou, everything is simple and natural... time seems suspended. The material is at the service of an everyday story. Where nothing is everything, and this everything does us a world of good. These windows open onto ourselves, these contemplative feminine figures, so many subjects inviting us to calm and meditation.
La Timidité des Cimes is also the story of Solène Rigou's "sensitive triptych". Three works, modest in size but so powerful in their pictorial and aesthetic appeal that they cannot leave us indifferent. How could it be otherwise in the face of these hands as fraternal as they are generous? The artist, like a saxicolous plant, naturally takes her place between Damien Cadio and Maxime Biou.
Text by Edwart Vignot, exhibition curator
Thursday 16.11.2023, 6-8pm - Opening
Wednesday 20.12.2023, 6pm - Guided tour of the exhibition in partnership with the Société des Amis des Arts
Download the press kit: here
….