WOBBLY : terme anglais évoquant l’oscillation, le vacillement, l’équilibre précaire, comme prêt à tomber… mais pas encore, pas tout de suite.
Le monde de Gonzenbach se déploie dans toute la galerie. Sur le point de basculer, ses oeuvres tiennent pourtant bon. Elles oscillent entre la rationalité de leur fabrication et les émotions qu’elles transmettent, entre solidité et fragilité, jouant subtilement sur les contradictions qui reflètent la complexité de notre monde.
En transformant la matière - révélée, cachée, inversée - Gonzenbach déstabilise son public, accueilli par ce qu’on pourrait croire un bénitier ou huître géante... Ce coquillage imposant, aux courbes élégantes, cache en son creux l’origine de sa forme : le périzonium du Christ. Ce célèbre pagne, symbole de la nudité sacrée de Jésus, devient un jeu visuel et tactile. A la fois mystique et taquin, rugueux à l’extérieur et soyeux à l’intérieur, il évoque une sensualité quasi érotique, l’absence du corps ne faisant qu’accentuer ce nu improbable. Autour de ce coquillage sacré, des bustes en céramique dorée, figures classiques d’autorité, sont également inversées.
Au premier étage, l’artiste explore de manière approfondie la question de la domestication de l’environnement au travers de multiples techniques sculptées.
Sa sculpture imposante de Saint François s’adresse aux animaux. Transformés par l’humain d’abord en peluches, ils prennent ici la forme de masques de cuivre. Evoquant les masques mortuaires en or découverts à Mycènes, ces oeuvres ouvrent une réflexion sur l’état de la domestication des animaux et ce qu’il en adviendra dans le futur.
Depuis les premiers frottements de silex jusqu’aux centrales à gaz, en passant par le moteur à explosion, l’histoire de l’humanité pourrait se résumer comme une longue domestication du feu. Les moteurs en céramique - matériau qui est par ailleurs développé par cette domestication -, apparaissent dans l’exposition comme des organes arrachés à un engin plus vastes, leurs braises, géantes, saignantes et dégoulinantes d’émail, les inscrivant dans un système de fluides : gasoil, huile, essence, eau, etc.
Enfin, Gonzenbach crée un jardin étrange pour le spectateur et la spectatrice. Orchidées, cactus et autres plantes domestiques évoquent un salon, alors que ces fleurs ont été transposées en LEGO, puis coulées en bronze. Hybrides, absurdes et aussi magnifiques, elles remettent en question notre rapport au naturel, à l’artificiel, à tout ce que nous pensions évident.
Proposant des nouvelles voies de perceptions et de réalité, les oeuvres de Maya Hottarek sont tout autant insaisissables, redéfinissant les frontières entre l’humain et son environnement.
Ses sculptures murales, que l’on pourrait qualifier de tableaux sculptés, déstabilisent notre environnement familier. Ces «autels» domestiques créent une tension entre objet d’art et objet personnel. Ayant une pratique principale de sculpture et de céramique, Maya Hottarek recommence à utiliser le médium photographique depuis deux ans. Elle crée à partir d’images qu’elle produit et de collages digitaux, parfois très aléatoires, de grands cyanotypes au méthylène bleu ou au curcuma, qui sont ensuite tendus et cousus sur bois, formant ainsi des sortes de boîtes à souvenir ou à secret. A ces «boîtes» s’ajoutent toutes sortes de grigris, souvenirs et porte-bonheurs, qui permettent au spectateur et à la spectatrice de s’approprier de l’objet.
S’inspirant des écrits de Lynn Margulis, microbiologiste américaine, l’artiste explore les relations complexes entre la science, la nature et la spiritualité. Elle s’intéresse particulièrement aux liens invisibles qui unissent les phénomènes naturels — les vibrations, les forces terrestres, les éléments — et notre propre existence. Rempli de symboles, son travail cherche à établir des liens et connecter avec son public, ouvrant un dialogue sur notre place dans l’univers.
Tous deux, Christian Gonzenbach et Maya Hottarek, offrent une réflexion sur notre rapport au monde : Gonzenbach par le prisme de la technologie et de la matérialité, Hottarek par une approche plus personnelle et intime. Leurs œuvres convergent dans l’exploration des tensions entre le naturel et l’artificiel, ainsi que dans leur capacité à susciter des émotions profondes, tout en remettant en question nos perceptions de la réalité et la complexité des relations humaines avec leur environnement.
Jeudi 14.11.2024, de 18h à 20h - Vernissage
Mercredi 18.12.2024, à 18h - Visite guidée de l’exposition en partenariat avec la Société des Amis des Arts
Pour télécharger le dossier de presse : à venir
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WOBBLY: a word that evokes oscillation, vacillation, precarious balance, as if ready to fall... but not yet, not yet.
Gonzenbach's world unfolds throughout the gallery. On the verge of toppling over, his works nevertheless hold firm. They oscillate between the rationality of their manufacture and the emotions they convey, between solidity and fragility, subtly playing on the contradictions that reflect the complexity of our world.
By transforming the material - revealing it, hiding it, inverting it - Gonzenbach destabilises his audience, who are greeted by what looks like a giant stoup or oyster... This imposing shell, with its elegant curves, hides in its hollow the origin of its shape: Christ's perizonium. This famous loincloth, symbol of Jesus' sacred nudity, becomes a visual and tactile game. At once mystical and teasing, rough on the outside and silky on the inside, it evokes an almost erotic sensuality, the absence of the body only accentuating this unlikely nudity. Around this sacred shell, golden ceramic busts, classical figures of authority, are also inverted.
On the first floor, the artist explores in depth the question of the domestication of the environment through a variety of sculptural techniques.
His imposing sculpture of Saint Francis is for animals. Transformed by humans from cuddly toys into copper masks. Evoking the gold death masks discovered at Mycenae, these works open up a reflection on the state of domestication of animals and what will become of them in the future.
From the first rubbing of flint to gas power stations, via the internal combustion engine, the history of humanity could be summed up as a long domestication of fire. Ceramic engines - a material that is also developed through this domestication - appear in the exhibition like organs torn from a larger machine, their giant embers, bleeding and dripping with enamel, inscribing them in a system of fluids: diesel, oil, petrol, water, and so on.
Finally, Gonzenbach creates a strange garden for the viewer. Orchids, cacti and other domestic plants evoke a living room, while these flowers have been transposed into LEGO and then cast in bronze. Hybrid, absurd and also magnificent, they call into question our relationship with the natural, the artificial and everything we took for granted.
Maya Hottarek's works offer new avenues of perception and reality, and are just as elusive, redefining the boundaries between humans and their environment.
Her wall sculptures, which could be described as sculptural tableaux, destabilise our familiar environment. These domestic ‘altars’ create a tension between art object and personal object. Having worked mainly in sculpture and ceramics, Maya Hottarek returned to the medium of photography two years ago. Using images she has produced and digital collages, sometimes very random, she creates large cyanotypes in blue methylene or turmeric, which are then stretched and sewn onto wood, forming a kind of memory or secret box. All sorts of grigris, souvenirs and good luck charms are added to these ‘boxes’, allowing the spectator to make the object his or her own.
Inspired by the writings of the American microbiologist Lynn Margulis, the artist explores the complex relationships between science, nature and spirituality. She is particularly interested in the invisible links between natural phenomena - vibrations, earth forces, the elements - and our own existence. Filled with symbols, her work seeks to establish links and connect with her audience, opening up a dialogue about our place in the universe.
Both Christian Gonzenbach and Maya Hottarek offer a reflection on our relationship with the world: Gonzenbach through the prism of technology and materiality, Hottarek through a more personal and intimate approach. Their works converge in their exploration of the tensions between the natural and the artificial, and in their ability to arouse deep emotions, while challenging our perceptions of reality and the complexity of human relationships with their environment.
Thursday 14.11.2024, 6-8pm - Opening
Wednesday 18.12.2024, 6pm - Guided tour of the exhibition in partnership with the Société des Amis des Arts
To download the press kit : coming soon
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