Intitulée « Trace(s) », la nouvelle exposition de la Galerie C invite Éric Manigaud, Jean-Christophe Norman et SMITH.
La trace, qu’elle ait été façonnée ou qu’elle se révèle par subsistance, évoque « quelque chose qui nous dit aussi bien le contact que la perte; quelque chose qui nous dit aussi bien le contact de la perte que la perte du contact. »(1)
Peut-être, par le biais du travail de ces trois artistes, tenterons-nous d’exhumer les hantises qui se dérobent à nous ? Mais qu’entendons-nous ? La hantise est « quelque chose ou quelqu’un qui revient toujours, survit à tout, réapparait de loin en loin, énonce une vérité quant à l’origine. C’est quelque chose ou quelqu’un que l’on ne peut oublier. Impossible, pourtant, à clairement reconnaître. »(2)
Précipités dans des abîmes aux résonances pléthoriques, nous observons, à travers le prisme du vestige, les tréfonds d’une humanité mise à mal, déchirée, avec les dessins d’Éric Manigaud, SMITH appréhende les mues de l’identité par son travail indisciplinaire, et enfin, Jean-Christophe Norman « déploie la marche et l’écriture en un même mouvement, en une même métamorphose. Il trace, transfère, déplace, recouvre, dessine et interroge par là même la notion du temps. »(3)
Nous sommes inadaptés au discernement distinct du vestige, qui survivance d’un référant disparu, n’advient qu’en se donnant « la période de son effacement.»(4) La trace s’incline, muette, elle n’apparaît que dans son mystère ou bien alors, la parole lui est rendue selon le regard qui lui posé.
Les artistes présentés au sein de cette exposition invitent à interroger l’expérience de ce qui subsiste lorsque l’absence s’est installée, à éprouver le fantomatique non pas dans sa dimension ésotérique, mais dans son cheminement en tant qu’instance du passé en transition, qui dans un processus de sublimation hante le présent. « L’image serait à penser comme une cendre vivante. »(5)
Le vernissage a lieu le jeudi 17 janvier de 18h à 20h et vous pourrez découvrir l’exposition jusqu’au 23 février.
Mercredi 30.01.19, 18h - Visite guidée de l'exposition "Trace(s)"
Télécharger le dossier de presse: ici
(1) Georges Didi-Huberman, « L’Empreinte », Paris : Centre Georges Pompidou, 1997, p. 19.
(2) Georges Didi-Huberman, «L’image survivante, Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg», Paris: Les éditions de Minuit, 2002, p.28-29.
(3) Communiqué de presse de l’événement « Les lignes du dehors - marche, écriture, territoire » organisé par le far° à Nyon.
(4) Jacques Derrida, « L’Écriture et la différence », Paris : Éditions du Seuil, 1978, p. 334.
(5) Georges Didi-Huberman, «Le Génie du non-lieu : air, poussière, empreinte, hantise», Paris : Éditions de Minuit, 2001, p. 16.