Galerie C
Neuchâtel
Paris
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"MdM" du rêve à l'utopie 15.09–05.11.16

Luc Andrié, Philippe Cognée, Jonathan Delachaux, Alain Huck, Matthieu Gafsou, Catherine Gfeller, Niklaus Manuel Güdel, Yannick Lambelet, Elisabeth Llach, Mingjun Luo, Yann Mingard, Guy Oberson, Olivia Pedroli, Léopold Rabus, Augustin Rebetez, Till Rabus, Cosimo Terlizzi et Sebastien Verdon

 

La Galerie C est heureuse de vous présenter sa première exposition de la saison 2016-2017, une participation à la grande retrospective dédiée à Maximilien de Meuron en collaboration avec le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel: « “MdM“, du rêve à l’utopie. »

A l’occasion de la rétrospective consacrée à ce peintre neuchâtelois, il a semblé intéressant de rapprocher l’un des plus grands représentant du paysage romantique au sein de l’école helvétique, avec la création la plus contemporaine afin d’interroger la pertinence et l’actualité de ce genre traditionnel, classique, qui pourrait paraître suranné. 

Cette consonance contemporaine à une oeuvre romantique est une proposition originale à laquelle les artistes ont accordé une grande attention. De plus, des artistes de renommée internationale tels que Philippe Cognée et Alain Huck se sont prêté à cet exercice périlleux.

(…) Un bonheur suffisant, parfait & plein, qui ne laisse danslʼame aucun vide quʼelle sente le besoin de remplir. Tel est lʼétat où je me suis trouvé souvent à lʼIsle de St.Pierre dans mes rêveries solitaires, soit couché dans mon bateau que je laissois dériver au gré de lʼeau, soit assis sur les rives du lac agité, soit ailleurs au bord dʼune belle riviere ou dʼun ruisseau murmurant sur le gravier.

De quoi jouit-on dans une pareille situation? De rien dʼextérieur à soi, de rien sinon de soi-même & de sa propre existence (…).

J.J Rousseau, « Cinquième promenade » des Rêveries du promeneur solitaire, 1776-1778

C’est ainsi que Jean-Jacques Rousseau décrivit son bref séjour idyllique sur l’île Saint-Pierre dans la « Cinquième promenade » des Rêveries du promeneur solitaire (1776 – 1778).

Un demi siècle plus tard, Maximilien de Meuron (1785 – 1868) en réalise une transcription peinte, s’inscrivant dans les pas du penseur des Lumières, pionnier du romantisme. L’huile sur toile « Vue de l’île Saint-Pierre » de 1825, conservée au Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, en propose une réinterprétation oscillant entre réalisme et idéal, entre paysage local, familier et topos paradisiaque,fantasmé.

L’oeuvre susdite a ainsi été choisie et proposée à de nombreux artistes collaborant avec la Galerie C pour qu’ils en réalisent une interprétation singulière, par un travail de réappropriation autonome, libéré de toute contrainte.

Luc Andrié, Philippe Cognée, Jonathan Delachaux, Alain Huck, Matthieu Gafsou, Catherine Gfeller, Niklaus Manuel Güdel, Yannick Lambelet, Elisabeth Llach, Mingjun Luo, Yann Mingard, Guy Oberson, Olivia Pedroli, Léopold Rabus, Augustin Rebetez, Til Rabus, Sebastien Verdon et Cosimo Terlizzi ont accepté de participer à cet exercice, à ce consensus.

Le travail simultané d’artistes pluriels à partir d’une source commune a ainsi pour finalité de questionner la persistance ou l’obsolescence d’un paysage qui serait actuel. Cette communauté de créateurs volontaires, par une inspiration unique, explorera donc le champ d’un dialogue entre les époques et les arts, à l’instar de la filiation entre poètes et peintres face à l’île utopique. Les concepteurs participants ont toutefois pour point commun un attachement local affirmé, malgré de riches différences de parcours, de provenance ou de discipline artistique (peinture, dessin, sculpture, photographie, vidéo, chant, installation). Ils concilient ainsi une ouverture sur l’Ailleurs et sur l’Autrui tout en rendant hommage à un lieu et surtout à une figure artistique fondatrice au coeur de la culture neuchâteloise.

Cette oscillation entre éloge d’un lieu identifiable et traduction fantasmée d’une harmonie mythique apparaît comme l’essence-même des enjeux de la création artistique.

La véritable immersion dans le paysage local, diffusée et conditionnée par l’essor de l’école artistique helvétique au XIXème siècle, s’impose jusqu’à nos jours comme un élément d’identification et d’appartenance culturelle prépondérant. Comme l’illustre l’art de Maximilien de Meuron, cette appropriation commune de l’espace s’incarne tout particulièrement dans le couple tutélaire des sommets enneigés et des lacs miroitants. Cette vision chimérique transporte le mirage d’un monde utopique, isolé et préservé, qui nous porte à méditer sur nos aspirations actuelles. 

Quels songes et quelles rêveries poétisent encore le quotidien contemporain ?

L’île Saint-Pierre apparaît donc comme un véritable creuset plurivoque, appelant encore de multiples déclinaisons et assimilations personnelles. C’est précisément ce que les cimaises de la Galerie C vous invitent à découvrir à partir du 15 septembre, et ceci jusqu’au 05 novembre 2016.